petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

Joan

 

 

Cette aurore me rappelle à ces nuits folles
où nous étions tous deux
étendus sur la paille de maisons sans toit,
à refaire un monde heureux.

De cette course sans meilleur trophée
que le plaisir d'être gagné
par l'autre et le voir se pâmer,
gonfler le torse et s'en moquer.

De cette vie simple,
je t'ai donné le mieux,
mon sang en absinthe,
l'interdit de l'aveu.

Te reste t'il mon ami, quelques souvenirs d'enfant,
de nos ballades au crépuscule,
de ce battement sous mon flanc
quand au bord de la chute tu me rattrapais ?

Pour ces silences jamais troublés,
cette innocence maculée
d'un seul sourire, sans autre trésor,
j'aurais commis tous les péchés.

De cette vie simple,
je t'ai donné le mieux,
mon sang en absinthe,
l'interdit de l'aveu.

Mon frère, si aujourd'hui nos mains sont ridées,
si d'autres maux sont venus nous habiter,
il en est un qui ne m'a jamais quitté.
Un mot d'amour pour l'éternité.