petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

des chemins et des impasses

 

 

Il est autant malhonnête que lâche de faire l'économie du questionnement sur la part active que l'on prend dans les choses désagréables de la vie. Car à quelques rares exceptions où l'on subit une situation dont on n'a rien demandé, force est de constater que nous sommes davantage acteurs de nos déboires, notamment sentimentaux, qu'il n'y paraît. S'il est de coutume d'avancer qu'en amour on ne choisit pas et qu'il rend aveugle, cela ne nous épargne pas une vérité moins romantique : ce n'est pas l'amour qui déforme le prisme d'une réalité somme toute banale, mais souvent la peur de perdre un Autre, parmi tant, qui vient, pour la plupart du temps réparer une faille narcissique, une angoisse d'abandon ou nourrir un ego surdimensionné. La décision est toujours possible et celle de fermer les yeux est parfaitement volontaire. Dans le soucis de préservation d'un psychisme parfois déjà fragilisé, il est légitime de vouloir passer pour celui qui subit en oubliant le simple fait qu'une relation est avant tout une interrelation et que chacune des parties la façonne à son image.
Bien entendu, il y aura toujours des individus peu fréquentables et probablement le sommes-nous tous aux yeux de quelqu'un, au regard de nos comportements parfois désinvoltes à l'égard de prétendants dont nous n'avons que faire. Il y a toujours quelque chose de très projectif à reprocher à l'autre son attitude et le statut de victime est paradoxalement plus confortable dans ce qu'il occulte de sa part de responsabilité. Aussi, lorsque l'histoire n'a de cesse de se répéter, peut-être que le questionnement constructif serait non pas de s'interroger stérilement sur la rupture mais sur cette attirance pour un type d'individu ou de relation dont on connaît pertinemment l'épilogue. La vie est une suite d'innombrables carrefours et personne, surtout pas l'Autre, ne saurait être tenu pour coupable d'avoir pris une direction différente que celle où on l'invitait. Le choix est toujours possible : aller de l'avant, revenir sur ses pas, rester sur la grande route bien éclairée, s'aventurer sur des chemins inconnus ou rester dans l'impasse.