petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

homocircus

 

 

Il y a des hommes qui promettent la lune mais ne savent que creuser la terre, de piètres vendeurs de mauvaise viande, à l'art subtil d'ouvrir la porte pour la refermer aussitôt en laissant le soin d'entrevoir un intérieur tout en interdisant son accès. Il est des hommes qui savent à quel point il est facile de tromper la confiance gagnée, de s'engouffrer dans les failles pour n'en faire que des cicatrices et se défendre du mal fait. Il en est dont les insultes sont de véritables déclarations et d'autres, dont la flamme se révèle poison. Des silences entendus aux logorrhées stériles, le vide nourrit. Il y a des hommes qui pratiquent l'absence comme on manierait une arme. Un savoureux calcul, une planification du rendez-vous, la temporisation de l'échange jusqu'à son oubli. Il y a des hommes que l'on continue d'aimer malgré le mal qu'ils nous font, parce qu'il serait encore plus douloureux de perdre ce mal là, seule interaction qui perdure. Certains partent en se retournant sourire aux lèvres avec la prétention que l'on gardera d'eux cette dernière image et d'autres s'évanouissent dans la nature, trop fiers ou trop blessés pour pardonner. Du pétochard qui s'enfuit quand le sentiment apparaît, au coureur d'une nuit qui compte son bonheur en centimètres, le terrain diffère peu : la bête reste prévisible. Puis les hommes vieillissent. Très vite. Toutes ces ruptures ressurgissent peu à peu et avec elles le désir, le besoin de se retrouver et d'en rire comme un dernier pied de nez à ce cirque dont ils furent le clown triste, le jongleur ou le trapéziste. Je me voudrais innocent mais la vérité est que je suis un peu de tout cela aussi. Si la vie me laisse du temps, j'apprendrai la résistance.