petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

la boule à facettes

 

 

La vie, c’est un peu une question de cuisson. Parce que vivre, c’est avant toute chose, mourir à petit feu. Une suite de deuils de ce que l’on ne sera plus, des plus beaux souvenirs que l’on pensait ne jamais oublier et qui croupissent quelque part entre la date anniversaire d’une rencontre et un numéro de téléphone devenu anonyme. Puis, parfois, comme surgis des limbes ils nous reviennent en pleine figure, en coups de poing, en coups de blues et c’est alors tout le corps qui se souvient de cette empreinte. Le temps n’efface rien, il se contente de déposer de la poussière sur les reliefs d’une existence. Ainsi, il suffit d’un courant d’air devenu courant d’hier pour se retrouver face à cette même vulnérabilité d’alors.
Si la vie nous a gâtés et permis ce nécessaire travail sur soi, alors peut-être, la raison et le cœur sauront s'épouser pour accepter ce sentiment si paisible, puisqu’il n’y a plus de place pour la tristesse ou la colère, la simple reconnaissance de ce que furent en différentes périodes les plus beaux moments de notre vie et d’accorder à chacun de ses acteurs l’affection et le remerciement. Car nous ne sommes rien de plus que tous ceux que nous rencontrons, bons ou mauvais, adorables ou insupportables, des fragments de miroirs qui n’en forment qu’un, unique et multiple à la fois : la psyché.