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petites morts sans importance
la dernière danse
J'ai gardé la dernière danse pour toi. La salle s'est vidée et la piste est plongée dans l'obscurité. Du bout du couloir, tu m'as reconnu et sans un sourire, ni un bonjour tu m'as rejoint, pris la main que tu as portée à ta nuque. J'ai retrouvé sous mes doigts tes cheveux coupés courts mais je n'ai pas osé les caresser. J'ai baissé les yeux et j'ai souri. Je crois même avoir rougi. J'ai posé ma joue contre ta clavicule et tu m'as embrassé sur la joue. Nous nous sommes serrés l'un contre l'autre : une accolade, un retour au bercail. Nos corps se sont mis en mouvement, maladroits et tu t'es cogné contre ma carcasse, nous avons ri. Il n'y a pas de musique, quelques grincements de nos chaussures sur le parquet et le bruit de notre respiration, essoufflés dans la pièce déserte. L'instant de grâce. J'ai compris que c'était toi. Je m'endormirais pour mille ans, mon oreille contre ta poitrine, l'écho de ton cœur pour couvrir mon sommeil. J'aurais voulu que le temps s'arrête et mourir à cet instant.
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