petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

la leçon de piano

 

 

Assis, je regarde par la fenêtre, je vois passer tous ces gens qui vont ailleurs là où je n'irai plus. Je tiens dans mes mains ton cadeau, cette lettre avec un "je t'aime" sans autres mots. Combien d'années maintenant, de rivières taries, sans signe, sans souffle, sans nouvelle trace jusqu'à ce que le temps efface cette lettre avec un "je t'aime" sans autres mots ? Et si je crois entendre ton rire, te sentir près de moi, penché sur mon épaule, je souris une nouvelle fois et mes mains abîmées se rappellent alors à la leçon de piano.

Si la vie m'a comblé, apporté un autre cher, un compagnon paisible pour partager ma route, j'ai toujours eu dans mes bagages cette lettre avec un "je t'aime" sans autres mots. Du souvenir qui me nourrit, il me reste l'ombre d'un corps, la lumière d'un regard et du papier la douce écriture, cette lettre avec un "je t'aime" sans autres mots. Mon doux, mon autre, cette lettre contre moi, c'est ton cœur qui bat, qui marque le pas de ma vie si fragile. Au dernier souffle, tes derniers mots.

Mon ami.