petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

la ligne blanche

 

 

Ça ne me blesse pas plus que ça,
j’ai pris l’habitude des coups.
Tu veux savoir ce que je ressens, tu veux savoir mes blessures
et tu cherches dans ma chair
là où ça pourrait faire mal.
Une ligne blanche nous sépare.
Tu ne veux pas me blesser
et tu appuies sur la gâchette.
C’est un bruit que je connais par cœur,
le bruit de l’eau,
ce liquide qui sort de mes yeux quand je te regarde.
Une ligne blanche nous sépare.
Je pourrais me noyer mille fois,
sans mourir jamais.
J’ai appris à retenir ma respiration,
à attendre dans le froid.
J’ai oublié qu’il me fallait l’oxygène pour rester en vie.
Une ligne blanche nous sépare.
Et je cours droit vers ce mur,
je cours de l’autre côté.
Il n’y a plus rien à rattraper,
tu es loin derrière, le fusil en joue.
Tu me tues à chaque foulée.
Une ligne blanche nous sépare.
Et je sens le bout de métal brûlant qui me transperce,
je me retourne,
je te vois sourire et je souris.
Je cours droit vers ce mur
et je fais un pacte avec Dieu.
Une ligne blanche nous sépare.