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petites morts sans importance & poésie de supermarché
le cancer est-il mortel ?
En anglais, cancer se dit cancer. En
espagnol cancer se dit cancer. En coréen cancer se dit KIMERA, une
obscure chanteuse lyrique expérimentale qui reprenait des airs d'opéras
à la tronçonneuse dans les années 80. En Afrique cancer se dit "Aïe, ça
fait mal sans traitements" mais après "Maman, j'ai faim".
On dit de monsieur BEN BOURKA,
l'épicier bronzé du coin : "Momo il a attrapé la grippe, il serait mieux
au chaud, dans son pays". Mon émotion pour l'affection manifestée lors
de la deuxième partie de la remarque concernant Momo, ne taira pas mon
ire sur "il a attrapé la grippe", car il est parfaitement entendu que
l'on court après la grippe pour l'attraper, cela demandant un
entraînement poussé en demi-fond (mais on m'a rapporté le cas,
probablement unique au monde, au cours duquel un individu a surpris la
grippe se jetant sur elle depuis un arbre d'où il la guettait). A ce
sujet, il serait intéressant d'organiser un championnat d'attrapage de
grippe et de décerner au vainqueur une boite de suppositoires à
l'eucalyptus, dans un soucis d'écologie -ils sont verts- et aussi pour
redonner, à chaque flatulence du champion, un peu d'espoir aux koalas du
zoo de Vincennes qui dépriment sous la grisaille parisienne.
En revanche, concernant le cancer, on
dit : "La pauvre madame DUBOIS, ou DUPONT (c'est au choix, l'essentiel
étant d'avoir un nom français pour renforcer l'injustice de la chose),
elle a un cancer". Ou, si madame DUBOIS ou DUPONT est plus créative :
"elle a fait son cancer" (la France est un pays d'artistes ne l'oublions
pas).
Statistiquement parlant numéro un, les
cancers touchent plus fréquemment le vieux, ce qui au regard du vivier
de notre beau pays, n'empêche pas la droite de remporter régulièrement les élections
présidentielles. Pour autant le cancer épargne singulièrement les
dictateurs gâteux dont on ne distingue plus le pénis invaginé et les
testicules hypertrophiés, de leurs hémorroïdes turgescentes dont la
présence de pépites de matières fécales -qui ont inspiré le créateur des Pépitos-
rend incontestablement plus appétissantes (je vois d'ailleurs monsieur
PINOCHET de la tête pour valider mon propos, Evita PERON semble
plus dubitative).
Statistiquement parlant numéro deux,
le cancéreux meurt de son cancer, ce qui dénote une fidélité exemplaire
en cette période, sombre pour l'église catholique qui interdit
l'adultère, l'homosexualité et la sodomie (hormis en Irlande, au
Pays-Bas et dans le reste du monde sur les petits garçons placés dans
ses institutions), de divorces à grande échelle.
Mais avant de mourir,
le cancéreux va voir un cancérologue, qui est au cancer ce qu'est l'ampoule
rectale d'un transsexuel brésilien du bois de Boulogne à la maladie
vénérienne ou plus simplement Didier BARBELIVIEN à Felix GRAY.
D'avantage dans le cabinet du cancérologue que sur les latrines du
compositeur vendéen, le cancéreux déprimé reprendra espoir, à l'instar du
koala -cité plus haut- revigoré au passage de Momo le flatulent champion
de la grippe récompensé de son suppositoire à l'eucalyptus. Mais la
lueur dans son regard sera de courte durée tout comme le reste de sa
vie. Le cancéreux trépassera alors dans d'atroces souffrances dont la
dernière, probablement la pire, restera la vision de l'infirmière à la
compassion bovine chargée de lui administrer une dose médicamenteuse
létale quand l'écoute du dernier peste-of de Didier BARBELEBIEN aurait
suffi.
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