petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

les 12 salopards : Frédéric

 

 

Ce matin, j'ai reçu une carte postale en provenance d'Angleterre. Aucun message. Juste mes coordonnées et une signature : Frédéric.

Frédéric fut mon colocataire durant huit mois. Nous avions été présentés par un ami commun à une période de nos vies en transit. Partager un appartement, durant un temps défini et relativement court, nous avait semblé une solution particulièrement économique et tout à fait supportable. Compte tenu de nos horaires respectifs décalés et de la topographie des lieux, nous ne nous croisions qu'au hasard de l'utilisation des sanitaires situés sur mon niveau ou dans dans la cuisine qu'il n'investissait qu'à l'occasion du café matinal. Frédéric avait choisi d'investir le sous-sol, une grande pièce faiblement éclairée par quatre fenestrons donnant sur le jardin, mais qu'il avait eu loisir d'aménager à sa guise. A mes yeux, un véritable bordel. Il avait, en outre, sa propre entrée. Je ne savais pas grand chose de sa vie. Je n'en étais d'ailleurs pas très curieux. Lui-même ne me posait aucune question. J'étais puceau.

Je ne lui connaissais qu'une maîtresse que j'écoutais gémir, sous ma chambre, chaque lundi de 21h30 à 22h45. Mais un soir de novembre, après qu'ils eurent fait l'amour et qu'elle se fut endormie, j'entendis Frédéric monter à mon niveau. Sans frapper, il avait ouvert la porte de ma chambre, plongée dans une obscurité totale. Il avait alors tiré les draps de mon lit, enlevé mon pantalon de pyjama. Sans un mot, il m'avait branlé, puis s'assurant de la fermeté de mon érection, il s'était accroupi sur ma queue, l'enfonçant d'un coup dans son cul serré. Ce soir là, il ne lui avait fallu que quelques va-et-vient pour me faire venir. Au contact de son lourd sexe mou sur mon bas ventre, j'avais compris qu'il ne bandait pas. Il s'était retiré en silence, puis avait regagné le sous-sol, rejoindre sa maîtresse, mon foutre en lui. Depuis ce soir de novembre, chaque lundi, peu avant minuit, après avoir fait jouir sa partenaire, il me revenait. Je devenais plus endurant, il ne bandait jamais. Nous n'en disions rien.

La veille de son départ définitif pour Londres, Frédéric était venu me rejoindre. Cette dernière nuit, il avait allumé la lumière. Il ne s'était pas accroupi sur moi. Il s'était allongé au bas du lit et sans jamais détourner son regard du mien, après m'avoir longuement léché les couilles, il m'avait pris en bouche, jouant patiemment avec mon plaisir et jusqu'à me faire jouir en lui. Mon sexe agonisait au fond de sa gorge quand j'avais senti son sperme gicler sur mon mollet. Il s'était alors recroquevillé à mes pieds et s'était endormi. A mon réveil, il volait au dessus de la Manche. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis.