petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

les promeneurs solitaires

 

 

Le pont ondule à l’instar de nos existences. Ici à son point le plus bas, quelques mètres plus loin, élevé, au dessus de la Seine qui oubliera notre présence pour les promeneurs d’une autre arche aux soupirs. En quelques foulées, ce sont trois années qu’il nous a fallu parcourir, sans ressentir la rupture d’un temps dont la courbe s’est pliée, en guise de révérence. Ressentir la joie enfantine que l’on réserve à ces amitiés de vacances, de celles qui signent l'arrivée de la belle saison et que l’on associe à la lumière et aux senteurs particulières d’un retour à la vie d’une nature trop longtemps endormie. Nous marchons, dans la même direction, quelques mètres, quelques minutes, depuis des souvenirs joyeux, enhardis par la maîtrise illusoire de tout ce qui nous échappera encore, simplement heureux de retrouver l’affection déguisée, la tendresse maladroite de deux épaules qui se frôlent, les mots idiots pour habiller un silence devenu impudique. Croiser nos regards et y trouver la reconnaissance. Nous nous promenons, un instant encore.