petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

lierre

 

 

Si à chaque fois que j'ai mordu la poussière,
j'avais du baisser les bras
et me cacher de la lumière,
pour que tu ne me voies pas pleurer,
j'aurais alors perdu l'envie de partager
un coin de lit, une main, une vie.

Face à toutes ces mains restées fermées
quand je me débattais,
abîmé, contre le courant,
de ces regards détournés,
j'ai malgré tout gardé l'envie de partager
un coin de lit, une main, une vie.

Si je n'ai pas su calculer,
garder ce que je voulais te donner,
soustraire mon amour
pour mieux l'économiser,
c'était seulement pour l'envie de partager
un coin de lit, une main, une vie.

Pour ce prix à payer
de n'être plus rien à tes yeux
qu'une écharde, un mauvais souvenir
qu'il faudra supporter encore un peu,
je n'ai jamais craint d'avoir eu l'envie de partager
ton coin de lit, ta main, ta vie.

Et si la grâce fragile
ne peut rien face au silence,
me permet-elle au moins,
de tenir encore quelques instants
la chienne distance.
Je plierai jusqu'à en toucher la terre,
mais c'est vers le soleil que je me tournerai,
comme vers toi je me suis tourné.
Et si ton dos me fait de l'ombre,
je me ferai lierre
pour monter jusqu'à ta nuque, caresser
une dernière fois,
poser mes lèvres sur ta peau
et laisser le vent m'emporter

vers un autre, qui aura l'envie de partager
mon coin de lit, ma main, ma vie.