petites morts sans importance
&
poésie de supermarché

 

 

voisin voisine

 

 

Depuis 7h23 précises, mon voisin du dessus détartre sa régulière, qui émet des râles dignes d'une palourde en fin de vie associés à ceux d'une dinde en période de nidification. Au regard de la durée du coït, je m'interroge : est-il un bon coup ou juste un peine à jouir ? Si je m'en réfère à la troisième accélération en 90 minutes, sublimée par les grincements de la structure du canapé série GRANKULLA de chez IKEA, j'en déduis que le coureur de fonds, malgré son sprint final, ne parvient pas à franchir la ligne d'arrivée. Très arbitrairement, j'écarte la possibilité d'orgasmes répétés, le protozoaire est mono-neuronal et, par déduction scientifique, mono-éjaculateur. Il est donc officiellement un peine à jouir.

Mais, soucieux de garder une posture réflexive, je me questionne sur les raisons de mon agacement : grincements suédois, agonie du gallinacé, ou simple fait que mon voisin puisse avoir une vie sexuelle et, par projection, soit susceptible un jour de faire perdurer ses gènes en se reproduisant ? La réponse est probablement cette offre "triple play" de la misère humaine ou bien dans l'absence éloquente d'efforts fournis par l'individu pour obtenir les faveurs sexuelles de sa compagne. Ne pourrait-il pas inviter sa dulcinée à se restaurer à l'extérieur, dans une baraque à frites de la foire du Trône et la prendre dans une sanisette ? Son absence de romantisme est définitivement à la hauteur de son avarice.